Responsable : Elodie Gaille, conservatrice en ethnobotanique
L’histoire de nos collections ethnobotaniques est très récente. Les premiers objets ont été acquis en 2013 parallèlement à la création de l’exposition « Fleurs d’abeilles » dans laquelle des outils apicoles et des ruches anciennes étaient présentés. Des dons d’outils de la terre ont assez rapidement suivi lors de la préparation de l’exposition « Terre d’outils », si bien qu’à la fin de l’année 2015, 850 objets étaient entreposés sur les étagères du Jardin botanique.
Depuis, plusieurs dons et des objets ramenés de voyages ont permis d’enrichir la collection dans le domaine des plantes médicinales pour arriver, fin 2020, à environ 2’800 occurrences. Chaque objet est répertorié dans la base de données MUSE II, partagée par l’ensemble des musées neuchâtelois. L’objectif de cette collection est de montrer l’ensemble des artefacts constitués de végétaux, d’en déterminer la ou les espèces, et de compléter ces collections d’objets en lien avec les plantes, tels que des mortiers, des ouvrages, etc. Plusieurs ensembles thématiques sont conçus comme collections de référence.
Parmi les collections ethnobotaniques, une grande partie est consacrée au domaine de la thérapeutique, à travers des échantillons bruts de végétaux médicinaux. Cet ensemble de matières premières sèches, riche de plus de 1200 échantillons, constitue un droguier de référence. Le mot droguier et un dérivé du mot drogue qui vient de l’allemand Trocken et du néerlandais Drogen (desséchér) ou droogrek (séchoir). Dans son sens premier, la drogue est donc une matière première séchée qui servira à la préparation d’autres substances telles que des médicaments ou des mélanges pour l’industrie. Outre les plantes médicinales qui constituent la plus grande partie de la collection, d’autres produits servent à l’industrie (cosmétiques, peintures, teintures, etc.).
Une collection de bois de référence est en cours d’établissement. A ce jour, elle est constituée de plus d’une centaine d’essences provenant principalement d’Europe et d’Afrique. Elle sert notamment d’aide à la détermination des matières entrant dans la fabrication d’objets ethnobotaniques (masques, sculptures, mobilier, instruments de musique, etc.)
Responsable de la collection : José Richard
Née de l’exposition « Terre d’outils » (2016-2017), la collection d’outils de la terre est riche d’environ 2000 pièces, témoins du savoir-faire des agriculteurs, jardiniers, sylviculteurs, arboriculteurs, vignerons, apiculteurs, mais aussi tonneliers, charpentiers, menuisiers, sabotiers, tavillonneurs et une multitude d’autres métiers qui ont tous, de près ou de loin, un rapport à la terre. Une soixantaine de reportages audiovisuels complètent cette riche collection en sauvant les gestes des artisans.
Du jardin, des champs et des forêts au musée, l’outil de la terre, n’intervenant plus dans aucun processus productif, est sublimé : il devient un objet de collection – le passage de l’activité horticole, agricole et forestière à la conservation patrimoniale met en valeur un artefact décontextualisé.
Les conditions muséales, qui préservent l’outil de la terre des risques de détérioration liés à l’usage, assurent sa valeur patrimoniale, non quantifiable, tandis que sa restauration, qui n’a pas d’effet sur sa valeur initiale, puisque l’outil de la terre n’est pas la cible d’opérations spéculatives, crée de la valeur patrimoniale ajoutée.
La valeur d’usage de l’outil de la terre appartient à l’âge d’or des métiers, qui précéda la révolution industrielle ; sa valeur absolue a augmenté avec la standardisation et la production de masse.
Légende de la photo : Epaule de mouton (JBN.Ebot.0009) - Photo : Marc Juillard - © JBN
La constitution de cette collection a débuté en 2016, en lien avec le projet d’une exposition sur les plantes médicinales. Si l’intention de départ était de fixer le choix sur des objets régionaux - à l’image des boîtes d’herboristerie de la fin du 19e siècle provenant de la pharmacie Otto Schelling à Fleurier - le hasard a conduit, au gré d’opportunités bienheureuses, à la constitution d’un ensemble de deux cents récipients, certes hétéroclite, mais somme toute représentatif des activités pharmacologiques européennes entre le 17e et le 20e siècle. Le catalogue n°3 des trésors de nos collections décrit les pièces de cet ensemble.
Paniers, textiles et autres artefacts faits en matière végétale ou en lien avec le végétal constituent une grande partie des collections ethnobotaniques. De nombreux objets proviennent de pays visités par les collaboratrices et collaborateurs du Jardin botanique. Ils sont souvent accompagnés d’interviews enregistrés et de photographies ou vidéos permettant de replacer leur usage dans un contexte précis.
Récolter vos témoignages à travers vos dons, voici l’objectif de la collection citoyenne ! Commencée en 2018 avec l’exposition citoyenne « Objets de cultures. Ces plantes qui nous habitent » (2018), la collection citoyenne s’est enrichie de nombreuses pièces proposées par les citoyens, avec leur témoignage. Le catalogue n°2 des trésors de nos collections présente l’ensemble des témoignages et des objets offerts durant l’exposition citoyenne.
Le Jardin botanique possède une petite collection de livres précieux sur l’histoire de la botanique et de l’usage des plantes. L’ouvrage le plus ancien date de 1563. Il s’agit de la première édition en langue allemande du Commentarii in libros sex Pedacii Dioscoridis (ou commentaires sur Dioscoride) selon Mattioli. Cet ouvrage nommé Kreuterbuch détaille l’utilisation de centaines de plantes, agrémenté d’illustrations. De nombreux anciens ouvrages traitent en effet des plantes médicinales. Le Jardin botanique tente à travers les années de constituer sa propre collection de ces ouvrages incontournables.