Des scientifiques étudiant le vivant, la conservation de l'environnement et l'usage que l'humain en fait, peuvent-ils raisonnablement se permettre de disserter sur un sujet aussi sérieux que l'économie ? Cela paraît incongru à première vue et c'edst sans doute la raison pour laquelle rares sont les institutions muséales qui s'y sont risquées... Pourtant, à bien y réfléchir, il est urgent d'en discuter. C'est ce que propose la nouvelle exposition "Business Plantes - la vraie nature de l'économie", présentée dans le parc du Jardin botanique de Neuchâtel du 21 avril 2024 au 30 novembre 2025. Celle-ci invite le public à y participer en exprimant son avis, ses doutes, ses idées ou encore ses coups de gueule !
L'exposition, à la fois réflexive, ludique et artistique, a été réalisée par Elodie Gaille, conservatrice en ethnobotanique, et Blaise Mulhauser, directeur de l'institution. Leur envie première est d'amener la population à réfléchir à ce qu'elle définit comme des priorités. "S'occuper des petites plantes" est-il moins sérieux que de traaviller dans le monde des affaires ? Y a-t-il une corresondance entre les deux ? A quelles plantes pense-t-on lorsqu'on parle d'économie ? Si le lien ne paraît pas évident à priori, l'exposition révèle rapidement que les plantes représentent la clé de voûte de notre économie. Ni l'or, ni les métaux rares de nos téléphones, ni même les pièces de monnaie ne peuvent répondre à autant de nos besoins fondamentaux. Modératrices du climat et pourvoyeuses de biodiversité, les plantes doivoent être au coeur des préoccupations non seulement écologiques, mais également économiques.
Une exposition sous forme de Business Plan(-tes)
A l'image du fameux business plan de toute entreprise, l'exposition raconte comment les végétaux ont influencé l'histoire de l'humanité et en quoi ils impactent aujourd'hui notre quoditien. Devises, communication, transport, RH, etc. : chaque poste du plan d'affaires est décortiqué, parfois sous l'angle historique, d'autres fois en lien avec une activité "brûlante", mais toujours dans le souci de donner aux visiteuses et visiteurs les clés d'une réflexion sur ce que nous voulons pour l'avenir. Plus de 50 plantes sont présentées au public, dans des mises en scène qui nous montrent combien elles se révèlent. C'est le Business Plantes.
Les aventures d'un businessman
Selon les thèmes choisis, le ton de l'exposition pourrait être rapidement alarmiste et pessimiste. Pour alléger le propos, il est proposé au public de suivre les aventures d'un businessman du 21ème siècle. Cette caricature assumée de l'homme d'affaires vit au gré des devises illustrant chaque poste. Ainsi, on le voit "lâcher la grappe", "raconter des salades". Tantôt accroché à ses privilèges, tantôt en train de changer de valeurs, il vacille et se trouve biens souvent dans des positions ambivalentes, comme nous pouvons l'être toutes et tous. Ces illustrations légères et souvent au second degré ont été réalisées par l'artiste Gaël Lavorel.
La vraie nature de l'économie
Une seconde histoire se décline de poste en poste, sous l'angle des plantes elles-mêmes, ou de leurs alliés (champignons, bactéries, animaux). Il s'agit de la vraie nature de l'économie, celle qui reprend l'étymologie première du mot; c'est-à-dire savoir gérer (du grec ancien "nomos") sa maison (du grec ancien "oïkos"). Cette maison peut être l'une de nos cellules et son contenu, mais aussi notre habitat. Ainsi découvre-t-on la manière "économique" que les espèces ont de voyager, de communiquer, de capitaliser ou encore d'échanger.
Une exposition participative
Pour amener les visteuses et visiteurs dans l'univers de chaque poste, l'exposition se veut ludique et réflexive. Le contenu est souvent dévoilé après une devinette ou une question. Face à des situations concrètes, le public est invité à plusieurs reprises à voter pour ou contre, à donner son avis ou à enrichir la réflexion en écrivant des expressions utilisant les plantes dans toutes les langues possibles. D'autres formes de participations sont encouragées : photographier un "paysage économique" ou habiller un épouvantail à l'aide de matériaux de récupération. Sans oublier le dernier poste de l'exposition, "une idée qui germe" dans laquelle se dessine la fresque d'un monde où l'humain coopère avec le reste du vivant.
A la recherche d'une muséographie plus écologique
Business Plantes inaugure une nouvelle forme d'exposition située exclusivemenet à l'extérieur. Le réaménagement de la Villa en salle de conférence et bibliothèque a incité l'équipe du Jardin botanique à développer une muséographie 100% extérieure. L'avantage est que, grâce à l'équipe des horticultrices et horticulteurs du jardin, les collections vivantes dans le parc sont au coeur de l'exposition. Plus que jamais, le public tourne son regard sur l'élément central de notre discours qu'est la plante.
Néanmoins, les contraintes sont nombreuses (météo, dégradations, humidité, lumière trop forte, etc.). Avec Business Plantes, l'équipe du Jardin teste de nouvelles formes muséographiques, assumant le fait que certaines d'entre elles subissent les aléas du temps. Par ailleurs, l'équipe a fait le choix de recycler le plus possible de matériel d'anciennes expositions (panneaux, structures, bacs, etc.), d'acheter en seconde main quand cela était possible et de choisir les matériaux les plus écologiques proposés. La publication des panneaux s'est ainsi réalisées en "écoprint", 100% grâce à l'énergie solaire.
Cette exposition est à découvrir du 21 avril 2024 au 30 novembre 2025.
Les événements autours de l'exposition Business Plantes peuvent être téléchargés ici